Sébastien Thépenier, œnologue du domaine, et Dominique Auroy, créateur du vignoble de Rangiroa

Le Vin de Tahiti poursuit son développement en bio

 

Crédits: par Cinthia Leduc in La Dépêche de Tahiti

Crédits photo: Pour découvrir le vignoble de Rangiroa, il faut emprunter un bateau.. De gauche à droite, Sébastien Thépenier, œnologue du domaine, et Dominique Auroy, créateur du vignoble, se rendent sur place pour une petite visite. (© C. Leduc/LDT)

 

Le Vin de Tahiti se porte bien : les deuxièmes vendanges de l’année ont démarré hier, sur l’atoll de Rangiroa. Cette année, Le Vin de Tahiti a remporté une médaille d’or au “Challenge international des vins 2017”qui s’est tenu à Bordeaux. Elle a été décernée au “Blanc de corail”. Une parcelle de vigne est désormais consacrée à la production de vin biologique. Le domaine vise l’obtention d’un label “Issu de l’agriculture biologique”.

 

À l’approche des vendanges (qui ont démarré hier), Dominique Auroy, le propriétaire du Domaine Ampélidacées et créateur des Vins de Tahiti, s’est rendu sur l’atoll de Rangiroa sur lequel poussent les vignes destinées à élaborer les crus, pour voir l’évolution de son domaine et rendre une visite à son équipe.

Ces vignes sont entourées par des champs de cocotiers et bordées d’une mer couleur turquoise. Le seul accès possible est l’utilisation d’un bateau, c’est ainsi que nous pouvons décrire cet incroyable vignoble.

Vingt ans ont passé depuis que l’homme d’affaire a entrepris la création de ce vignoble. Cinq ans ont été nécessaires pour trouver le meilleur archipel et surtout, l’île d’implantation des vignes. Ont suivi une étude approfondie sur les sols, la mise en place de l’irrigation des vignes, la connaissance et la maîtrise du cycle végétatif, l’adaptation à l’ensoleillement de l’atoll et enfin, la reconnaissance des cépages les plus adaptés au sol corallien.

 

Attentifs au cycle végétatif
 

Nous avons démarré à Rangiroa en 1997. À cette époque, tout le monde pensait que c’était impossible de faire pousser quoi que ce soit sur un atoll. À présent, nous pouvons être fiers que la viticulture soit une réalité en Polynésie française et notamment sur un atoll des Tuamotu”,déclare Dominique Auroy.

Contrairement à la culture de la vigne en Europe, ici, les vendanges ont lieu tous les cinq mois et demi environ et se font en fonction des conditions climatiques. Les périodes des vendanges changent donc chaque année selon la durée du cycle végétatif. Pour élaborer ces vins atypiques, trois cépages sont privilégiés : ce sont le Carignan rouge, l’Italia et le Muscat de Hambourg. Ces cépages permettront la fabrication de quatre cuvées : le Blanc de Corail, le Clos du Récif, le Rosé nacarat et le Blanc moelleux.

 

35 000 bouteilles par an
 

Depuis les premières vendanges en 2000, le Vin de Tahiti a connu un très bel essor. La production initiale, de quelques centaines de bouteilles, est passée aujourd’hui avec cette deuxième vendange de l’année 2017, à environ 18 000 bouteilles par vendange, soit 35 000 bouteilles par an. C’est un franc succès pour ce vin qui, avec sa cuvée “le Blanc de Corail”, vient d’obtenir une médaille d’or à l’édition 2017 du Challenge international du Vin à Bordeaux.

“Depuis le démarrage du projet, nous avons fait très attention au respect de l’environnement”,déclare Sébastien Thépenier, œnologue du domaine.

La conversion au vin bio est une suite logique de l’exploitation du domaine. Cette année, nous avons véritablement réservé une parcelle de vignes pour y mettre en œuvre de A à Z du vin bio.”ajoute Sébastien. Le terroir de Rangiroa, essentiellement calcaire, est enrichi par un engrais naturel issu d’un bassin qui était initialement conçu pour compenser les besoins en eau, au démarrage de la culture des vignes. Plusieurs algues et de la matière organique, issues des poissons présents dans le bassin, s’y sont développées et forment cet engrais naturel.

Le domaine a diversifié sa production : des champs de canne à sucre sont cultivés afin de produire un rhum local, le Mana’o Rangiroa, et la première récolte a eu lieu au mois de mai dernier. “Durant la récolte de la canne à sucre, nous avons conservé de la bagace, ces déchets fibreux de la canne, pour l’étaler sur le sol au pied des vignes”, raconte Sébastien Thépenier. La bagace est utilisée comme “mulch” pour empêcher le développement des mauvaises herbes, préserver l’humidité du sol et enrichir la terre en se décomposant. “Cela permet de supprimer totalement le désherbage chimique.”

Pour concrétiser cette conversion à l’agriculture biologique du Domaine Ampélidacées, des audits sont planifiés par un organisme de certification pour l’obtention du label “issu de l’agriculture biologique” .