Cépages Saint Emilion

Les vins de Saint-Émilion veulent valoriser le classement UNESCO

Crédits: Alexandre Abellan in Vitisphère

 
Fêtant l’anniversaire de son inscription à la liste du patrimoine mondial, l’appellation bordelaise veut marquer un tournant stratégique dans sa communication.

S’il est un classement qui ne fasse pas débat à Saint-Émilion, c’est celui au patrimoine mondial de l’Humanité. « Il suffit que l’on fasse une réunion sur l’UNESCO pour que l’on soit tous regonflés à bloc et pleins de projets » s’enthousiasme Jean-François Galhaud, le président du Conseil des Vins de Saint-Émilion, son syndicat viticole débordant en effet de projets pour valoriser les vingt ans de ce classement UNESCO. Inscrits depuis le 5 décembre 1999 au patrimoine mondial, les 7 850 hectares de paysage culturel de la Juridiction de Saint-Émilion sont désormais vus comme un atout stratégique sous-exploité par les 850 châteaux de l’appellation (dont 5 000 ha sont dans le périmètre UNESCO).

« Cette inscription ne nous a pas autant apporté qu’on l’aurait espéré. Mea culpa, nous n’avons pas assez communiqué » résume Jean-François Galhaud, qui compte désormais inciter tous les vignerons de la juridiction à mettre en avant cette reconnaissance patrimoniale. Premier vignoble ayant bénéficié du classement UNESCO, Saint-Émilion a fait le diagnostic de vingt ans d’opportunité manquée au regard des stratégies de valorisation collective adoptées par les climats de Bourgogne et caves de Champagnes (inscrits en 2015).

 

Impact inquantifiable

Pour permettre au vignoble de s’approprier l’outil UNESCO, l’association de la Juridiction de Saint-Émilion au patrimoine mondial a modifié ses statuts en 2018. Afin que ses administrateurs ne se limitent plus aux seuls élus des huit communes concernées, mais intègre à parité les opérateurs du vignoble. En place, cette nouvelle coprésidence doit permettre de l’atout touristique de ce classement. Même si son effet sur l’attractivité des touristes reste inquantifiable reconnaît Guy-Petrus Lignac, le président de l’Office de Tourisme de Saint-Émilion.

« L’impact de l’UNESCO est différent selon les pays. Les Américains y sont très sensibles… Mais ce n’est pas un élément décisif, les visiteurs ne viennent pas à Saint-Émilion parce qu’il y a un classement, mais parce que c’est un endroit magique » note Stefan Delaux, l’adjoint chargé du tourisme à la mairie de Bordeaux (ville classée UNESCO en 2007).

Actuellement, Saint-Émilion accueille 1,2 million de touristes par an, mais compte passer un cap avec les trois jours de fête l’été prochain qui marqueront les vingt ans de l’inscription UNESCO (voir ci-dessous). « Ce n’est pas un aboutissement, c’est un nouveau départ » esquisse Jean-François Galhaud.

 

700 000 euros pour 3 jours de festivités

Du 28 au 30 juin prochain, l’association de la Juridiction de Saint-Émilion au patrimoine mondial va fêter les 20 ans de l’inscription à l’UNESCO avec un programme des plus riches. « Le sens de notre action est structuré selon trois mots clés : la valorisation, la sauvegarde et la transmission » résume Franck Binard, le directeur du Conseil des Vins de Saint-Émilion.

 

Feux d'artifices Saint Emilion

 

À cette occasion, Saint-Émilion accueillera une fête du vin avec des dégustations (et des ateliers pour les enfants), un parcours de visites sera dévoilé dans 20 sites de la juridiction (qu’il s’agisse de paysages ou de bâtisses), les domaines viticoles ouvriront leurs portes (avec des animations, comme des dégustations musicales), des promenades seront proposées dans le vignoble (y compris nocturnes), un cycle de conférences sera organisé (sur l’héritage du patrimoine, les paysages culturels dans le monde…), la jurade de Saint-Émilion fera procession (avec « la marque à feu du vinetier » et des feux d’artifices). Et les six vignobles ayant été inscrits à l’UNESCO après Saint-Émilion seront invités. Soit la Bourgogne, la Champagne et le val de Loire en France, le Douro au Portugal, Lavaux en Suisse et Tokay en Hongrie.

Au total, le budget de ces trois jours de fête est estimé à 700 000 euros. Le budget sera assuré par le conseil des vins de Saint-Émilion, les communes et des mécènes (comme le château Monlot, le groupe Fayat, l’Union des Producteurs de Saint-Émilion…).