Cépages Résistants au mildiou et à l’oïdium

Les commandes de vignes résistantes toujours sur liste d’attente

Crédits: Alexandre Abellan in Vitisphère

 

Faisant bruire les allées du salon Sitevi, la demande vigneronne pour les nouvelles variétés françaises et étrangères reste forte. Et supérieure à l’offre actuellement disponible.

 

Au centre de toutes les attentions viticoles, la question, ou plutôt la dégustation, des cépages résistants au mildiou et à l’oïdium anime les allées du salon Sitevi (parc des expositions de Montpellier). Sur les stands des pépinières, « on enregistre les commandes pour 2021, et il y a plus de demande que de plants. On n’en aura pas pour tout le monde. Il faut que les vignerons apprennent à commander un an et demi à l’avance. Même s’il est difficile de se projeter » prévient Silke Tourette, des pépinières ardéchoises Tourette. Si son entreprise propose un stock limité de cépages allemands (muscaris et souvignier gris), la majorité de ses demandes concernent les cépages français obtenus par l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA).
 

Soit les quatre cépages de la première génération Résistance Durable (ResDur1 : Artaban, Floréal, Vidocq et Voltis). Un million de plants de ResDur1 seraient disponibles l’an prochain, représentant un potentiel de 200 hectares de vignes en 2020 (contre une cinquantaine d’hectares en 2019). Pour 2021, les demandes des pépiniéristes seront closes ce 15 décembre auprès de l’Institut de la Vigne et du Vin (IFV), qui diffuse ces quatre variétés. matériel végétal. « Nous attendons les retours du terrain pour dimensionner notre offre à la demande. Il est difficile de savoir réellement ce que représente ce marché » explique Pascal Bloy, du Pôle Matériel Végétal de l’IFV. Qui ajoute que le recours aux plants standards pour fournir en greffons la pépinière pourrait se poursuivre si la demande reste soutenue pour 2021.

 

IGP, AB, ZNT…

Venant du Languedoc comme du Val de Loire ou de Bordeaux, la demande explose avec l’intégration de ces variétés aux cahiers des charges de vins à Indication Géographique Protégée, le défi des baisses des doses de cuivre en viticulture biologique, le risque de Zones de Non Traitements… Sans oublier la réduction drastique des traitements phytosanitaires. De quoi faire accepter plus facilement aux vignerons un prix de vente plus élevé pour ces cépages.

« Nous vendons le plant de Soreli de 2,2 à 2,5 euros. Ce sont des prix plus élevés pour payer la recherche : le viticulteur doit comprendre que la création variétale a un coût : la création d’un cépage résistant coûte 1 million d’euros à son obtenteur, il est dans l’ordre des choses que l’utilisateur lui verse des royalties » exlique Loïc Breton, le directeur de la filière française du sélectionneur italien VCR. Qui annonce avoir vendu 300 000 pieds de Soreli pour la France (contre 220 000 ceps plantés cette année), quand VCR produit 2 millions de plants résistants de ses dix variétés (pour 1,6 million plants déjà réservés dans le monde).

 

Nouvelles vagues

Alors que les quatre ResDur1 essaiment dans le vignoble français, les sept nouveaux cépages de la deuxième génération, ResDur2, pointent à l’horizon, étant candidats à une inscription temporaire au catalogue national. Si leur candidature sera examinée par la section vigne du CTPS le 29 janvier 2020, l’INRA et l’IFV anticipent déjà la plantation de parcelles expérimentales pouvant servir à l’avenir de relai à des vignes de multiplication. Afin de pouvoir diffuser le plus rapidement possibles ces cépages rapporte Jean-Pierre Van Ruyskensvelde, le directeur de l’IFV.