Thomas Gomes

Ce vigneron bordelais va planter grenache et syrah

Credist: Alexandre Abellan in Vitisphère

 

Estimant « partir de rien », Thomas Gomes reconnaît pouvoir se permettre sur ses parcelles de faibles rendements (25 à 30 hl/ha). – crédit photo : Populus Alba

Anticipant le réchauffement des terroirs girondins et jouant l’originalité, Thomas Gomes compte tester des cépages méridionaux dans l’Entre-deux-Mers. Tout en tirant partie de son expérience acquise sur des parcelles du Roussillon.

« En termes d’encépagement, Bordeaux est actuellement très limité » regrette le vigneron Thomas Gomes (domaine Populus Alba). Exploitant par passion moins de deux hectares de vigne sur la commune de Pellegrue*, le technicien viticole de la cave coopérative de Gironde-sur-Dropt peut se permettre de suivre ses idées hors des sentiers battus. Mi-juin, le vigneron va ainsi planter 0,5 hectare de cépage du Sud à la place d’une ancienne parcelle de merlot. Autant pour tester les adaptations au changement climatique que pour produire des cuvées originales.

 

Pour ses sols argilo-calcaires, Thomas Gomes a sélectionné un clone 471 de syrah greffé sur 101-14 et le clone 435 de grenache greffé sur 3 309. S’il a opté pour une densité de plantation de 5 500 pieds/hectare, le vigneron se laisse encore le temps de la réflexion pour une taille de formation en gobelet ou en guyot palissé. Ces orientations techniques se basant sur son expérience à Maury, dans le Roussillon, où il a racheté 3 hectares de vigne en 2016, avec son cousin, le vigneron Guillaume Clémenceau (basé à Juillac). Leur première campagne en 2017 leur a permis « de voir comment les vignes se comportent, afin de pouvoir les adapter à nos climats » explique Thomas Gomes. Par exemple, « le grenache coule beaucoup et il faut des méthodes culturales pour y remédier. Comme en laissant au prétaillage 40 centimètres de bois sur les cot et en les coupant au stade 3 feuilles étalées ».

 

VSIG

S’annonçant atypique, cette production girondine de cépages méridionaux sera évidemment revendiquée en vin de France (Vin Sans Indication Géographique). Comme pour son hectare de Maury vinifiée l’an dernier à Bordeaux (le reste de la production 2017 ayant été vendu sur pied). S’il s’essaie à des cépages atypiques dans le vignoble girondin (du moins hors des essais de 52 cépages de l’INRA), Thomas Gomes reconnaît les qualités des cépages bordelais. Dont il va posséder tous les représentants rouges sur son petit vignoble : merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc, malbec, ainsi que carménère et petit verdot après une plantation cette année.

À l’avenir, il confie être intéressé par le cépage sicilien Nero d’Avola, avec les adaptations culturales nécessaires (effeuillage, contre-effeuillage… et faibles rendements).

* : Il s’agit d’un fermage contracté avec ses parents, qui exploitent 50 ha pour la cave de Landerrouat.